mercredi 16 mai 2018

La Boucle Islandaise

Nous revoilà à 4... 4 pour faire en 7 jours un road trip autour de l'île. Le voyage est express, mais les paysages nous font saliver à chaque arrêt.
Nous aurions aimer rester plus longtemps, faire plus de randonnées, voir davantage le soleil, mais l'Islande reste un pays cher et si nous voulons continuer le voyage il ne faut pas s'y attarder trop longtemps. 


La partie Sud, après Vik, montre un paysage très noir. Noires comme les coulées de lave qui caractérisent cette île comme aucun autre endroit. Noire comme la couleur du sable des rivages. Noir et blanc lorsque le ciel s'orne de nuage. Un ciel qui, chaque fois qu'il change, dessine davantage ou estompe étonnamment les contours des paysages.


La plus belle expression de ce ciel et de ces roches sombres nous est apparue à Dyrholaey. Ici se trouve le cap le plus méridional du pays. Ici se trouvent des falaises que le Routard compare aux falaises d'Etretat avec leur aiguille, leur rocher percé, mais dans une teinte noire. Pour nous ce paysage sera très sombre, à l'image d'une scène de film mystérieuse. J'aurais bien vu un cavalier apparaître, son cheval se cabrer pour lancer une action. Nous sommes au niveau des nuages. L'arche est à peine perceptible... La scène incroyable. Ces deux photos ne sont pas modifiées. Un noir et blanc naturel, sensationnel, indescriptible autrement qu'en image.



Dyrholaey est aussi l'occasion de reprendre les promenades. Nous observons l'endroit par un petit sentier de 4 km. Une opportunité pour nous remettre en selle, nous marchons moins ces derniers temps et ça se ressent. Nous espérons observer quelques macareux mais encore une fois ceux-ci sont absents. Nous commençons à nous demander s'ils sont arrivés sur l'île pour leur période de ponte ou si le froid les a retardé cette année. Quelques goélands et sternes profitent tout de même de l'air marin pour colorer le paysage. Cette plage se nomme Reynisfjara. C'est l'une des plus spectaculaire du pays, mais aussi la plus dangereuse. Nombreux sont ceux qui, chaque année, sous-estiment ces vagues scélérates qui viennent s'écraser sur la plage et ses falaises. 101 bateaux s'y seraient échoués en à peine un siècle. Un océan qui n'est pas dangereux que pour les hommes... les aiguilles de lave qui émergent de la brume dans un début de ciel bleuté sont en fait des trolls pétrifiés, surpris par la clarté de l'aube...

Ces vagues violentes se retrouvent également sur la plage de Reynishverfi, qui s'oppose à Reynisfjara quelques heures plus tard. Sa falaise est creusée par la grotte de Halsanefshellir formée de colonnes de basalte.

La plage est assez jolie, mais presque trop touristique pour nous. Un joli couple asiatique y font leur photo de noce, de nombreux touristes y font quelques clichés et un petit restaurant s'est même installé sur le parking ... Une ambiance assez différente de ce à quoi nous nous habituons dans ce pays  !
 
Le lendemain, nous prenons un peu notre temps. Les voyages entre les villes sont relativement longs et nous prennent beaucoup de temps tous les jours. Arwen et Elisa ont besoin de jouer tranquillement aux supers héroïnes munies de leur couvertures Minnie et Reine des neiges. Le temps de mettre une pâté à Papa Jérôme au jeu des 7 familles... puis nous pouvons repartir à nos activités touristiques.

Nous visitons quelques lieux touristiques autour du petit village qui se prononce avec une facilité  déconcertante, Kirkjubaejarlaustur ! (avec 2 grammes d'alcool dans le sang... tu peux passer une soirée complète à essayer de le prononcer).
Pour la petite histoire, dans ce village se situe une chapelle dédié à Jon Steingrimmson, un pasteur qui aurait convaincu Dieu de stopper, par son « sermon de feu », la coulée de lave crachée par le Laki en juillet 1783. 

C’est d’ailleurs la plus grande coulée de lave du monde : 565 km2. Elle se contemple à Eldhraun.
La coulée de lave succède au « sandur », un désert composé de débris volcaniques issus de l’érosion des montagnes ou de l’explosion de volcans sous glaciaires. Le sable est transporté par les rivières glaciaires puis par les vents violents. Le sandur est une terre instable où les fleuves prennent leurs aises. Le plus grand du monde est celui de Skeidararsandùr et s’étend sur 1000 km2. Il est en amont, à l’est de Kirkjubaejarlaustur.

Tout près, se situe Dverghamar où quelques orgues basaltiques scultés autrefois par des vagues seraient habités par des trolls.
Le long de la route menant à ce phénomène géologique, nous admirons plusieurs petites cascades qui surplombent la route comme le ferait des lampadaires sur l’autoroute A6 ! Tant d’eau pour tant de monts... un caractère Islandais qui ne cesse d’être surprenant. Ceci dit après tant de cascades, on entendrait presque la petite phrase magique de Baptiste : "Tiens une autre" qu’il prononce, blasé, au bout de 2 heures à observer plusieurs dizaines de fois les baleines à bosses lorsque nous avions fait notre sortie en bateau... C'est la même chose pour les cascades :)


 
Nous allons ensuite à la découverte un sommet érodé d'orgues basaltiques hexagonaux ( Eh oui la France nous manque un peu :) ) qui ressemble à présent à un parquet ouvragé en nid d'abeilles. Il est situé à coté d’une énième nouvelle cascade, Systrafoss, où venaient se baigner les sœurs à la fin du 18ème siècle. Nous trouverons la cascade trop froide... Mais ce n’est qu’une question de gout !


Le lendemain, c’est les 32 ans de papa Jéjé... et la journée sera à la hauteur de l’événement ! Dudu nous fait voyager au travers des contrées du Sud-Est. Nous sommes partis le matin, les filles sont en forme pour une petite randonnée, nous partons dans la région du Skaftafell, à la découverte de Svartifoss. C’est une cascade, entourée d’orgues basaltiques. Elle a été l’inspiration de Gudjon Samuelsson pour la Hallgrimskirkja, l’église renommée de Reykjavik. Nous l’avons vu sous un ciel grisonnant (comme les cascades, il caractérise assez bien l’Islande !), mais sa beauté n’en était pas moins inoubliable ! 


 La suite sera dans un crescendo de beauté. Nous sommes proches du glacier le plus grand d’Europe. Une petite halte nous permet de l’admirer à Skaftafelljökull... la plus courte de la journée...


La découverte du glacier se poursuit... Nous l’approchons à Breidarlon où nous observons une lagune glaciaire où de petits icebergs se promènent, au gré du vent fort qui les poussent sur une eaux marronnée, si caractéristique des eaux émanant des glaciers.


La finalité se fait à Jokülsarlon. Apparu dans les années 1920-1950 suite à une série de séismes, il s’étend d’année en année avec la fonte du glacier. C’est dans ce tour du monde, un des plus bel endroit qu’il nous a été donné de voir. Une lagune glaciaire se jetant dans l’océan, rendant son eau d’un bleu lumineux. Elle est composée de nombreux icebergs, modifiant à chaque moment son panorama. Le spectacle est complet, plusieurs phoques s’y baignent, les oiseaux frôlent l’eau à la recherche de petits poissons... Un endroit sublime, magique, calme, extraordinaire !


Une quatrième journée d’anniversaire pour fermer la boucle de nos 4 fêtes durant notre voyage. Une quatrième journée extraordinaire que nous n’oublierons pas ! Il ne manquait que le gâteau et ses bougies. Les filles offrent à papa un beau livre fait main, une mappemonde l’attend en France pour les prochains voyages... et Jéjé s’offre un pneu crevé pour le plaisir d’user un peu le cric de Dudu ! Je dois reconnaitre qu’il a bien progressé en 8 mois : La roue de secours est montée en 20 minutes ! Fortiche !


Du coup le lendemain nous ferons cool... Cool pour récupérer de cette belle journée et de toute sa longue route. Cool pour ne pas trop user les pneus de Dudu sur les routes cabossées de l’Est. Nous nous promenons tout de même à pied dans Bradalsavik où nous logeons. C’est l’occasion de faire un peu de balançoire et un foot entre les buts d’un terrain de handball (Ca c’est Jérôme qui le dit... moi je n’avais rien vu !). Une journée agréable avec les enfants.



De l’Est et de ses fjords nous n’aurons pas vu grand chose... Nous repartons dès le lendemain en direction du Nord qui semble receller encore de jolies merveilles. Nous devons arriver à Akureyri pour le soir même et y rester 3 nuits.



En chemin, nous sommes bloqués par plusieurs routes fermées, nous empêchant de visiter certains points que nous voulions voir... il faudra revenir une autre année, probablement dans une période plus estivale.




Nous découvrons néanmoins les chutes de Dettifoss. Large de 100 mètres sur une hauteur de 45mètres, elle est la plus puissante d’Europe avec un débit de 200 à 600 m3/seconde. La brume d’humidité qui l’entoure nous rafraichit dans cette journée fraiche, rendant la visite encore plus étonnante. 






A quelques centaines de mètres d’elle est située Selfoss. Elle forme une anse qui est plus ou moins large selon la saison. Nous l’avons trouvé magnifique.


A une petite heure de là en Dudu, nous retrouvons un peu de géothermie et ça nous plait bien.  Le site d’Hverir, au pied du mont Namafjall, est l’un des plus vastes champs de solfatares du pays. Les solfatares sont des mares de boue bouillonnantes. Elles sont ici accompagnées de plusieurs fumeroles sur un mont d’une couleur rouille contrastant avec le noir des champs de lave aux alentours. La vue est colorée : Se mélange des traces jaunes de soufre, blanches de silice et du gypse.


L’endroit est assez typique, très impressionnant. 


A ses côtés, se trouve la cratère Krafla, le volcan le plus actif de la région. Sa chambre magmatique est à seulement 3km de profondeur ! Une centrale géothermique s’y est donc logiquement installée. Le cratère Viti juste à côté est noir, un lac turquoise en son centre en été. Pour nous ce sera un lac blanc glacé.


 
Autour du volcan Krafla, nous avons fait la promenade de Leirhnjùkur. Cette promenade nous marque à son tour pour ses contrastes saisissant. Comme à Hverir, un mont orangé culmine dans un champ noir et sombre de lave, illuminé par des restes de neiges à ses flancs. En pénétrant sur les sentiers, nous passons de solfatares à des fumeroles qui s’échappent de cratères à peine endormis. Nous nous sentons sur un volcan, le sentiment est étrange, l’endroit passionnant. Papa tu aurais été captivé !

 Ce concentré volcanique continue jusqu’au lac Myvatn, classé d’ailleurs réserve naturelle depuis 1974. C’est un sancturaire d’oiseaux. Dans la période la plus propice, en mai-juin (parfait !), les scientifiques ont dénombré jusque 55 espèces d’oiseaux différentes. D’une superficie de 37 km2 il est aisé d’en faire le tour en une journée et d’observer plusieurs petits lieux d’intérêt autour.



C’est ainsi que nous avons découvert la grotte de Grjotagja, ancienne poche de gaz formée sous une coulée de lave. Inondée, elle cache une eau turquoise d’une clarté impressionnante. L’entrée digne d’une escalade pour les filles rend la découverte amusante.



Dans le secteur, de petits sentiers balisés permettent une promenade dans un lieu assez exceptionnel : Dimmuborgir. C’est un champ de piliers de basalte formant des « châteaux noirs » de lave. A l’origine, la coulée issue d’une fissure aurait été bloquée dans ce lieu humide par un obstacle dans sa course, créant un lac de lave. A son contact, les sédiments gorgés d’eau ont provoqué des échappements de vapeur qui ont créés des cheminées alors que les couches supérieures du lac se durcissait en se refroidissant. Au fil du temps ces couches supérieures se sont effondrées tandis que les piliers ont résisté à l’érosion. 
Un seul site comparable existe au monde, dans une formation immergée au large des côtes du Mexique. Voilà de quoi programmer une nouveau voyage :)


Le lac Myvatn recèle d’autres petits trésors qu’un voyage futur vous permettra peut être de découvrir  :)

En allant vers Akureyri, il est difficile de ne pas s’arrêter à une dernière cascade (promis, c’est la dernière que j’évoque, après vous pourrez les admirer en vidéo ;) ). Les chutes de Godafoss portent le nom de « chute des dieux » depuis l’an 1000 après la décision des Islandais d’abandonner leurs cultes de viking au profit du christianisme. Un chef local y aurait jété les idoles païennes d’Odin, Porr...


Je sais pas si ça a un lien, mais la cascade est d’une puissance et d’une beauté divine ! 



En écrivant ces lignes Jérôme roule, Zebda chante « le dimanche autour de l’Eglise », Arwen et Elisa joue à la tablette... Le voyage en Islande garde des habitudes bien à la française !!

De doux baisers cascadeurs et glaciaires à tous !


Et en image... L’Islande !